Je potasse toujours les travaux d'Ansel Adams sur le Zone system et regarde comment la technique a pu faire bouger les choses depuis l'argentique (pellicule et papier).
Il estimait pouvoir restituer 5 IL au-dessus et 5 IL au-dessous du "gris 18%" obtenu par mesure au posemètre sur toute surface unie, depuis le blanc sans détail (+5 IL) au noir sans détail (- 5 IL), à la prise de vue, puis en jonglant avec le développement des films puis celui des papiers.
Pour évaluer matériel et film, il recommandait de photographier une surface unie, texturée, en mesurant d'abord la lumière sur cette surface (ce qui lui conférait d'office une restitution de gris neutre "18%") puis de faire plusieurs photos en augment d' 1 IL à chaque fois, jusqu'à + 5 IL puis en diminuant d' 1 IL à chaque fois, jusqu'à - 5 IL.
J'ai fait la manip' avec le d810 + 60 mm en utilisant une mire "Gris neutre 18%" Lastolite qui permet de caler précisément la balance des blancs, mais aussi, au besoin l'exposition.
En tâtonnant, j'ai trouvé l'ouverture f/16 me permettrait de descendre de 8 IL au-dessus de la valeur moyenne et de monter d'autant sans toucher à l'ouverture. L'exposition correcte mesurée avec l'appareil sur la mire Lastolite était de 1/40 s à f/16 (64 ISO). J'ai rajouté des objets sombres et clairs autour de la mire avant de prendre les photos, en mode manuel, en doublant à chaque fois la vitesse depuis 1/8000s (~ - 8 IL) à 8s (~+ 8IL).
Voici les rendus extrêmes et moyen non retouchés:
1) résultat sur la base de la mesure d'exposition sur la mire (f/16, 1/40s, ISO 64):
2) résultat à - 8 IL (f/16, 1/8000s, ISO 64):
3) résultat à + 8 IL (f/16, 8s, ISO 64):
Pas de surprise sur la sous- et sur-exposition, mais les possibilités de retouche sont intéressantes:
2bis) en retouchant (avec LR6) rapidement exposition, ombres, hautes lumières, noirs, blancs, j'obtiens ça avec l'image à - 8 IL:
Pas grand-chose de récupérable dans l'image à + 8 IL. Il me faut retourner à la photo à + 3 IL pour avoir quelque chose de récupérable (avec des hautes lumières cramées sur la droite, malgré tout)
4) résultat à + 3,3 IL sans correction (f/16, 1/4s, ISO 64):
4bis) idem, corrigée:
Si on se concentre, par recadrage, sur les détails de la mire:
1ter) à l'exposition correcte (sans retraitement):
2ter) à - 8IL (avec retraitement):
4ter) à + 3 IL (avec retraitement):
5) à + 4 IL (f/16, 1/2s, ISO 64): plus d'infos sur la trame de la mire même si des plis plus profonds sont visibles:
Numérique vs. Argentique ? score pas évident:
. il n'y a pas photos sur les basses lumières en numérique (il faudra que je fasse l'essai à - 9 et - 10 IL, où on dot encore trouver des détails)
. pour les hautes lumières … elles sont gérées sur guère plus de 3,5 IL quand l'argentique arrivait à 5.
. au total, on couvre plus large en numérique: au moins 11,3 IL (et sans doute 13 à 14 IL, si l'on en juge d'après les test de DXOMark) mais avec une vraie contrainte (connue) sur les hautes lumières. On sera donc meilleur sur le tas de charbon que sur la robe de la mariée
Restent les retraitements qui permettent beaucoup, avec des effets plus ou moins naturels.
La mesure sur une mire "gris neutre" reste très précise et donne le "bon rendu" avec le minimum de traitement, quand elle est possible.
Je vais essayer de voir comment ça se passe en se basant sur les différents modes de mesures d'exposition proposés (qui sous-exposent plutôt par rapport à cette mesure sur mire).
Le zone system, c'est aussi cela: voir ce que fait l'appareil pour le restituer au mieux sur écran ou papier.
Je me dis que je dois réinventer la roue, mais ça me semble important pour comprendre ce qui se passe et ce qu'on peut faire. Il faut que me trouve des mires couleurs et N&B, aussi peut-être
A suivre …